A la campagne...
Après ces presque 7 semaines en Bretagne, nous voici partis pour quelques jours en Auvergne.
Sur la route (arrêt culture pour les enfants et p'tit chéri qui ne connaissait pas), à Ambert, au Moulin Richard de Bas, visite que j'affectionne particulièrement tant elle me rappelle de bons souvenirs :
Le Moulin Richard de Bas, situé dans un hameau perdu dans la verdure, au bord d'une jolie rivière est le dernier moulin à papier encore en fonctionnement à ce jour en France.
La fabrication du papier, à partir de chiffons blancs, remonte à 1326, lorsque les Montgolfier Malmenaide et Falguerole, de retour de croisade, décidèrent de mettre en oeuvre les techniques apprises en captivité auprès des Arabes. Ils eurent alors l'idée d'utiliser l'énergie des cours d'eau de leur région et les essences d'arbres environnants pour créer leurs outils. Les moulins y furent si nombreux que les vallées environnantes en étaient couvertes, tant et si bien que l'histoire du papier en France est liée à la région d'Ambert.
Ce moulin fut acheté en 1463 par Antoine Richard, situé en bas de la vallée, il en tire son nom Richard de Bas. Le moulin fonctionne encore aujourd'hui et fabrique entre 200 et 300 feuilles de papier par jour.
En entrant, le visiteur pénètre dans la salle commune où le papetier et sa famille prenaient leurs repas assis à califourchon sur les bans de part et d'autre de la grande table de ferme. Cela permettait à la fois un gain de place et facilitait les déplacement en cas d'urgence :
La baignoire familiale siège à côté du vaisselier,
En face, à côté de la grande cheminée se trouve la mée sur laquelle la famille dispose une énorme balance à plateaux et les cruches,
L'imposante cheminée servait à chauffer la pièce et à cuisiner les repas de toute la maisonnée.
On y trouve la grande marmite et devant posée sur le sol la gruge à sel...
La gruge à sel, ou mortier en pierre servant à concasser les grains de sel, était cachée sous les robes des femmes lors du passage du collecteur d'impôt sur la gabelle (taxe sur le sel) au Moyen-Âge. C'est de cet objet que vient le verbe gruger, (= tromper).
La pièce suivante est destinée au repos du papetier, de sa famille et des apprentis, on y trouve deux lits encastrés.
L'un destiné aux parents, le berceau du bébé suspendu à leurs pieds afin que le nourrisson ne soit pas importuné par les rats courants au sol ! L'autre pour les grands parents et les enfants de la famille et le troisième, lit clos où l'on enfermait les apprentis de peur qu'ils n'aillent réveller les secrets de fabrication du papier...
S'ensuivent les ateliers où les chiffons sont découpés en lanières puis broyés et transformés en pâte à papier sous le joug des marteaux actionnés par un grand arbre à came; lui même activé par la roue à aube traversée par l'eau de la rivière.
Une fois prête la pâte est transférée dans une immense cuve en pierre et cuivre, et le papetier peut, au printemps et en été, lors de la floraison des jardins, décider d'y inclure des plantes qui confère à chaque feuille son authenticité et son unicité.
Enfin après être sortie de la forme, la feuille est déposée sur un feutre avant d'être pressée au milieu de 100 autres à la force des bras et d'une presse activée par 4 hommes.
Puis les feuilles sont transportées au grenier où elles sèchent une par une étendues sur de grands fils à linge.
Enfin, la visite se termine par un passage obligé à la boutique où chacun peut s'équiper en velin, papier à lettre, abat-jour ou bien encore d'autres objets dédiés à l'écriture et au dessin...
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